Aout 1944, les Alliés débarquent en Provence, Lorgues au cœur des combats.

Il y a bientôt 80 ans, la France est en pleine guerre mondiale, le Var et Lorgues occupés par l’armée allemande vont être impliqués directement dans les opérations du débarquement sur les côtes de Provence des troupes alliées le 15 aout 1944.

15 aout 1944 Débarquement des alliés à St Raphael- face à l’Ile d’Or

Les alliés ont pour objectif de prendre par surprise les forces d’occupation allemandes et de soulager le front de Normandie. L’opération est initialement dénommée « Anvil » (enclume) mais pour perturber l’ennemi, elle change de nom au dernier moment et devient l’opération « Dragoon », elle s’étendra de Cannes à Marseille et mobilisera plus de 400 000 hommes : des Américains, Anglais et Canadiens dont 300 000 Français.

L’opération « Dragoon » va permettre aux alliés, sous le commandement du Général Américain Patch, de prendre en tenaille l’occupant allemand et les contraindre à battre en retraite.
En face des Alliés, la dix neuvième armée allemande du général Wiese ne dispose que de 250.000 hommes, dispersés sur la côte méditerranéenne défendue par des blockhaus, barbelés et champs de mines, ainsi que 550 canons.
Côté français, les troupes coloniales de l’Armée d’Afrique, sous le commandement du Général de Lattre de Tassigny, sont très majoritairement représentées par des tirailleurs sénégalais et algériens, goumiers et tabors marocains, pieds-noirs, marsouins du Pacifique et des Antilles. Cette « Armée B », qui débarqua en Provence , va jouer un rôle crucial avec l’aide de la résistance locale. Ce sont en particulier ces régiments africains qui libéreront Toulon et Marseille à la fin du mois d’août 1944.

Armée d’Afrique: Tabors Marocains

Le 15 août, à 7h50, les premières vagues d’assaut débarquent.  Dès l’aube, des commandos alliés s’emparent de quelques positions avancées allemandes. A l’Est de Toulon, les batteries ennemies des îles d’Hyères sont rapidement neutralisées. Les hommes du commando d’Afrique, débarquent au Cap Nègre.

Néanmoins, un groupe de commandos de marins français dénommé « Force ROSIE » chargé de couper la voie ferrée et la route vers Théoule sur mer connaitra une fin dramatique.

Face à des Allemands surpris et désorganisés, les alliés vont très vite établir une tête de pont solide. Leur avancée dans les terres sera fulgurante ! Digne et Sisteron sont atteintes le 19 août, Gap le 20 août. Grenoble est prise le 22 août, Montélimar le 28 et Lyon le 3 septembre. Les troupes françaises libèrent Toulon le 23 août et Marseille tombe le 29 août à la suite de violents combats. Les forces alliées du front sud vont remonter la vallée du Rhône, vont rejoindre dès le 12 septembre en Bourgogne, celles du front de l’ouest.

C’est donc dans les tous premiers jours qui suivent le débarquement que Lorgues et ses groupes de résistants sont impliqués directement dans l’action.

1944 Ecoute de Radio Londres (B.B.C.)

Les Provençaux sont avertis dès le 14 Août 1944 par des messages très attendus, diffusés par Radio-Londres : « Nancy a le torticolis », « Gaby va se coucher dans l’herbe ». Dans notre secteur, les groupes de la résistance sont directement impliqués, pendant la nuit du 14, dans l’assaut aéroporté des alliés d’une ampleur incroyable. Plus de 7000 hommes sont parachutés par 400 avions dans le secteur de la vallée de l’Argens compris entre La Motte, Le Muy et les Arcs sur Argens. 200 jeeps, autant de canons et des tonnes de matériels sont aussi « déposés » par des centaines de planeurs. Ces matériels sont en partie destinés à la résistance locale.

15 aout 1944 Parachutage de La Motte et planeurs

Les résistants contrôlent Lorgues dès le 15 au matin, ils interceptent des Allemands isolés et repoussent le 16 au matin des éléments en repli. Les Américains arrivent le 17 au petit matin.

Mais ces jours de la Libération sont aussi des jours tragiques au cours desquels Lorgues paye très cher sa participation au combat. Le 15, le détachement des résistants du groupe de  Lorgues, nommé « Carrara », va chercher des armes aux Nouradons. C’est de retour, aux Arcs, que ses véhicules sont pris sous le feu des Allemands ; 13 jeunes gens sont abattus. Le lendemain, la localité, au carrefour de la RN 565 et de la D 10, est bombardée. Le bilan est lourd : 15 morts. Le 17 enfin, les 2 camionnettes d’un autre groupe de « Carrara » tombent au Thoronet sur une forte colonne allemande en repli. Ce sont encore 7 jeunes victimes qu’il faut ajouter aux précédentes.

Nous allons revivre certains actes inédits de la libération de la Provence et de Lorgues en donnant la parole à Claude Bergogne. Ce dernier a recueilli les témoignages de son père qui, appelé dès le début du conflit en 1940 dans la Marine française à Toulon, a participé aux principaux épisodes du conflit y compris le débarquement en Provence. Passionné par le sujet, Claude a par la suite rencontré plusieurs résistants lorguais et écouté leurs témoignages. Ces témoignages inédits vont nous permettre de revivre quelques épisodes survenus lors de la libération de la Provence en aout 1944 racontés par des « héros oubliés » de la résistance lorguaise.

François Lenglet pour « Vivre à Lorgues », Octobre 2023

Notes:

Goumiers : ce sont les soldats formant les goums, éléments de l’infanterie légère de l’armée d’Afrique composée de troupes autochtones marocaines .

Tabors : ce sont les bataillons de goumiers intégrés dans l’armée française.

Marsouin : en argot militaire, un marsouin est un militaire servant dans l’infanterie de marine des troupes de la marine française (ex infanterie coloniale)

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