Nos ancêtres « Lenglet »dans la région du Cambrésis au XVIIIème siècle: les premiers « mulquiniers »(6)

A la fin des années 1940, je suis encore tout petit, mais j’ai déjà remarqué à la maison, sur la cheminée de la salle à manger, une pièce en bois qui contient une bobine de fil. Si cette image est restée en mémoire, c’est simplement, parce que cet objet était précieux pour ma mère et qu’elle m’interdisait de jouer avec cette « navette de tisserand ».

J’ai aussi un autre souvenir, plutôt triste, de la même époque : nous arrivons pour les vacances à Troisvilles, ce village du Cambrésis où est née ma mère. Dans la cour de la maison familiale sont regroupées des poutres de bois, des tiges métalliques, des bobines de fil de toutes les couleurs et j’assiste au défilé de voisins qui viennent récupérer les pièces qui les intéressent. J’apprendrai bientôt qu’il s’agit des pièces de l’ «étile », la machine à tisser qui occupait la pièce principale de la maison, où mon oncle Edouard Toussaint vient de mourir.

Cet évènement vient clore près de trois siècles d’engagement de la famille dans les métiers du textile dans le Cambrésis.

Les premiers mulquiniers :

Revenons en 1736, à Bertry, village voisin de Troisvilles, c’est là que vient de naître Jean Baptiste LENGLET, le sixième enfant de notre aïeul Martin LENGLET, le cordonnier de Bertry. En 1736, les deux fils ainés de Martin : Cyprien et Jean Philippe exercent, comme leur père, le métier de cordonnier et on ne compte pas moins de cinq Lenglet cordonniers dans la région (1). La première fille, Marie Anne, ainsi que le dernier garçon, Pierre Joseph; vont mourir en bas âge. La seconde fille Marie Philippe épousera un « journalier » Jean Baptiste Haime, et vivra dans le monde paysan. Le troisième garçon, Pierre Antoine, puis son frère, notre ancêtre direct Jean Baptiste vont s’engager dans le métier de mulquinier

Mais, qu’est-ce qu’un « mulquinier » ? Ce mot, aujourd’hui disparu de la langue française, trouve son origine dans le mot  « mollequin ›› qui  se compose de deux termes d’origine germaniques: « molle » et « quin ». Le premier terme « molle » signifie « toile fine, mousseline » , le second « quin » est l’équivalent de l’allemand « chen », c’est à dire un diminutif. Le « mollequin » est donc un diminutif de toile et le « mulquinier » est le  tisserand qui fabrique le « mollequin » qu’il traduira en français par l’appellation « toilette ».

En fait, le mulquinier est spécialisé dans la fabrication de toile de lin que l’on appelle aussi « batiste » ou « linon », selon la finesse de la toile obtenue.

Le Cambrésis, la région spécialiste de la toile de lin, la batiste.

Notre ancêtre Jean Baptiste Lenglet s’engage dans un métier qui fait la richesse du Cambrésis depuis longtemps.

Voici comment un certain Jean Le Carpentier décrit cette activité vers 1670 :

« – le sol du Cambrésis est « presque seul propice au report et  production des lins fins ».

– « La qualité et propriété de nos Eaux à Rouir et pourrir Lesdits Lins, qualité d’Eaux qui donne auxdits Lins un degré de division par conséquent la finesse innaprétiable ».

– « l’adresse de nos habitans à apprêter ces Lins et à l’habitude du sexe de notre province de Le filer avec une  telle dextérité  qu’il semble que La nature L’en ait douée en don particulier ».

– les «talents des Artistes en l’Apret des différentes matières et outils propres à cette fabrication »

– « la singulière industrie qui avec une délicatesse innouïe travaille  ces fils selon les vœux des amateurs de toutes les Nations qui commandent leurs goûts, ouvrages en gazes à un ou plusieurs fils, Thûl, fleurs, animeaux et tels figures désirables; Enfin ces ouvriers exécutent sur Leurs toilles tous les desseins qui Lui sont présentés ».

– les « terreins ou sol dans Lesquels Les caves sont creusées parce qu’étant d’une espèce de marle ou d’argile qui ne se trouve point chez l’Étranger Et qui ont l’avantage d’entretenir Les toilles sur Les métiers dans  un degré d’humidité nécessaire à La fabrication sans les exposer à La pourriture »

-« Enfin, les aliments et boissons du pays influent  également et notablement sur cette fabrique, en ce que la salive des fileuses et des ouvriers étant toujours une  portion active et coopèrent à leurs opérations, il est  incontestable que n’existât-il que ce moyen conservatoire de cette fabrique, il serait seul suffisant pour nous  La conserver ».

Les fabricants de ces «toilettes »sont appelés dans les vallées de la Selle et de l’Erclin : mulquiniers ».

Champ de lin dans le Cambrésis

Donc, avant que le lin, cette chétive petite plante des champs devienne une élégante toilette, il fallait qu’elle passe entre bien des mains laborieuses et adroites. Il y avait d’abord  les manans qui  cultivent le lin, et leurs femmes qui le font rouir, les liniers qui les battent et le peignent, les fileuses, les tisserands, les apprêteurs, les blanchisseurs, et, enfin les marchands qui le détaillent aux bourgeois de la ville, ou qui l’envoient  aux étrangers.

Nous retrouverons ces différentes étapes en suivant la vie de nos ancêtres, pour l’instant, revenons en 1736 à notre mulquinier Jean Baptiste Lenglet.

 

Le mulquinier tisseur du fil de lin:

Le mulquinier est chargé de tisser le fil fin, le lin: il s’agit de croiser des fils. Les fils disposés dans le sens de la longueur sont appelés fils de chaine et ceux disposés dans le sens de la largeur, fils de trame. L’ensemble compose le tissu, aussi appelé toile. Les fils de chaine étaient préparés par les fabricants. Le mulquinier tisse la trame. Pour cela, les fils de chaine qui constituent les fils à tisser sont tendus entre deux cylindres : les « insouèles », ou ensouples, la deuxième recevant le tissu fini.

Navette

Le tisserand doit alors préparer les « épeules » qui reçoivent le fil à tisser qui deviendront bientôt les navettes. C’est cette épeule qui permet de passer le fil de trame dans un sens puis dans l’autre, entre les fils alternativement soulevés de la chaine, afin de former le tissu.  Ce sont souvent les enfants qui étaient chargés d’enrouler le fil sur les épeules.

Le métier de mulquinier et son environnement au XVIIIème siècle.

Le succès de la batiste : base de la lingerie et du luxe.

Costume sous Louis XIV

A la fin du XVIIe siècle, ce tissu fin et léger, baptisé du nom de son inventeur Baptiste Cambray, est réputé depuis plus de cinq siècles, il se prête à tous les savants points de mirifique broderie à laquelle les filles de nos bourgeois et les nobles demoiselles, consacrent alors tous leurs loisirs. Le  Cambrésis est traditionnellement réputé comme la région spécialisée dans le tissage de la batiste. La région, longtemps sous la coupe des Espagnols, rejoint, après le traité de Nimègue, en 1678, le royaume de France. Le roi soleil, Louis XIV, va imposer une nouvelle mode: désormais, le luxe et l’élégance s’affichent jusque dans l’intimité. Le linge, censé être en contact direct avec le corps et caché sous les vêtements, va devenir visible. On le laisse volontiers dépasser du corsage ou des manches de sa robe ou de son habit. L’exquise dentelle d’une chemise et la toilette en lin va s’imposer pour sa blancheur, sa finesse et sa légèreté. Voila comment la batiste va bientôt  faire la richesse de la ville de Cambrai et des mulquiniers.

Comment devient-on mulquinier ?

On ne devient pas mulquinier facilement.

La confrérie:

Sainte Véronique

Tout d’abord, héritage du monde féodal, il faut devenir membre d’une  confrérie, placée sous le patronage de l’église. C’est Sainte Véronique (dans le Cambrésis, on parle de Sainte Vérone) qui patronne toutes les confréries des fileuses, dévideuses, mulquiniers, blanchisseurs de toiles. Sainte Véronique est cette sainte femme qui essuya le visage du Christ lorsqu’il montait au calvaire et porte toujours le voile marqué de l’empreinte divine.

Hiérarchisée, comme toute corporation de Métier, la mulquinerie exige le passage successif par les fonctions d’apprentis, puis compagnons, avant de devenir maître. Il faut accepter d’être gouverné par des Maïeurs, eux mêmes, placés sous l’autorité du Comte-évêque de Cambrai et de ses échevins. Le Maïeur était le maître qui, nommé par le magistrat, était chargé de la police et de l’administration du corps de métier.

Un apprentissage exigeant :

Mouchoir brodé en batiste

Pour accéder à la maîtrise, l’apprenti doit être « ouvrier souffisant pour faire louvraige des bonnes gens bien et souffisamment ››, en d’autres termes, il doit posséder la technique de son métier. Cette acquisition, en réalité, ne peut se faire que sous la direction d’un maître mulquinier. La durée de l’apprentissage est fixée à deux ans chez un tisserand de batiste, elle est diminuée de moitié pour les fils de maître.

A la fin de l’apprentissage, le candidat doit réaliser un ouvrage difficile, le « chef-d’œuvre » qui sera validé par le Maïeur. Les épreuves ont été réglementées par  le roi avec une ordonnance  «rendue en pleine chambre le 9 d’aoust 1718 »

Une réglementation tatillonne:

En 1729, le Roi, conscient de l’avantage du commerce considérable qui se fait de ces toiles dans le Royaume et dans les pays étrangers, publie un « règlement  pour les toiles batistes et linons » destiné à mettre de l’uniformité dans ces différentes fabriques. La prétention de faire «marquer» les pièces de tissus aux bureaux de visite est mal accueillie. Les mulquiniers de Cambrai élèvent des protestations et font le procès de la nouvelle réglementation qui va à l’encontre du respect de la tradition.

D’autres réglementations suivent, visant la normalisation des fabrications. Elles provoquent de nouvelles réticences, allant presque jusqu’à l’émeute. Les mulquiniers de Cambrai se détournent du métier et incitent à l’installation d’artisans dans les campagnes.

 C’est ainsi que la mulquinerie devient la principale activité des villages comme Bertry, Troisvilles, Clary.

Pierre Antoine et Jean Baptiste Lenglet, des « aragneux » réputés.

A l’époque, les mulquiniers de nos villages du Cambrésis jouissent d’une bonne réputation : on les surnomme les « Aragneus« . Comme le rapporte en 1664 Jean Le Carpentier, « Cet  Épithète n’est pas dû à leur humeur chagrine et importune mais à cause de la subtilité de leur travail, qui reffemble en tous points à celuy de l’araignée,… ces hommes ont trouvé l’invention d’imiter avec leurs mains le plus fin, le plus mince, et le plus grêle délié travail, que la Nature a inspiré à l’une de fes plus petites et plus fubtiles créatures ».

Pierre Antoine, le premier mulquinier :

C’est donc Pierre Antoine qui va le premier se lancer dans la mulquinerie: né en 1730, il va faire son apprentissage, avant l’âge de douze ans chez son voisin Alexis Fruit, lui-même installé mulquinier. Son frère, notre ancêtre direct, Jean Baptiste, né en 1736 suivra ses traces et deviendra à son tour mulquinier.

Jean Baptiste apprend le métier :

Les débuts de Jean Baptiste sont loin d’être faciles : dès son plus jeune âge, il devient  « ouverrieus d’chieu » (ouvrier de cave), car c’est dans la cave, la pièce la plus humide, qu’est installée  l’ « étile »(le métier à tisser). En effet, le fil de lin, trop sec, se casse, et laisse des défauts dans le tissus. Le sol de la cave est en terre battue et les murs régulièrement blanchis à la chaux. Jean Baptiste va passer des journées entières dans une atmosphère  humide et peu respirable. Il est placé le dos contre le mur pour recevoir la lumière directement sur l’étile.

Une ancienne blocure aujourd’hui

Certes, un très large soupirail vitré est installé dans une ouverture donnant sur la rue pour assurer l’éclairage. Le vitrage est recouvert, la nuit, par des volets de bois, « les blocures”, que l’on verrouille avec une clavette qui traverse les volets. De nombreuses maisons montrent aujourd’hui les traces de ces blocures .

 Jean Baptiste va ainsi passer de dix à quinze heures par jour, dans la cave au son du ”ln-n’pour ti, in-n’pour mi » (une pour toi, une pour moi): c’est le mouvement monotone du lancement de la navette d’un côté, puis de l’autre, avec son claquement à chaque bout. Rythme mélangé à celui des métiers voisins car, sorti de chez soi, on retrouve, de fenêtre en cave, en pignon des maisons, le spectacle et le bruit du tissage. Mais en dehors du bruit de la navette, dans la cave, il faut que le calme règne car, sinon le mulquinier  « in n’intind pon sin fileu rim-omp” (il n’entend pas son fil se rompre) et il manifeste sa colère “él cat i est dins l’horloge”,( le chat est dans l’horloge). Expression encore entendue à Troisvilles  en 1950.

L’activité de Jean Baptiste ne s’arrête pas là : comme tous les habitants du village, il doit élever une ou deux vaches et quelques cochons, cultiver son jardin pour nourrir sa famille.

L’été venu, le claquement du métier à tisser s’accélère, il faut se hâter de terminer les pièces et d’aller les livrer vite, vite avec la brouette car le temps est venu de louer ses bras pour les « campagnes » agricoles, parfois loin du village. Cette période est attendue avec impatience car c’est le beau temps qui arrive et on va enfin respirer l’air de la campagne.

Une vie difficile et contraignante:

Ces activités complémentaires sont bien nécessaires car la fin de ce monde féodal et l’évolution du commerce de la batiste et du linon rendent la vie bien difficile.

Le métier de mulquinier ou «  tout s’achète » :

L’apprenti Jean Baptiste est probablement un des derniers à devoir accéder à la maîtrise grâce à la facture d’ «une toile de la finesse prescrite et sans aucun défaut » : ce « chef d’œuvre » devant être examiné et approuvé par le maïeur pour obtenir le titre de mulquinier. En effet, en 1751, il devient possible de devenir mulquinier simplement en déboursant 66 florins, sans aucune autre exigence. Tout de suite, le nombre de mulquinier dans nos campagnes se multiplie et la concurrence devient sévère.

Le monde paysan et artisan écrasé par l’impôt :

Au cours de ce  XVIIIe siècle, le monde des paysans et des artisans que l’on désigne sous le terme de tiers état est écrasé par l’impôt (2). A la dîme destinée au clergé, vient s’ajouter la capitation puis en mai 1749 le vingtième qui provoque la colère du tiers état.

Voici le courrier que le tiers état de Troisvilles adresse aux seigneurs et députés de Cambray en mars 1778 : Ils  « …, refusent de payer la taxe de capitation qui leur est imposée…. puisque la capitation imposée en règle, doit se percevoir suivant les biens, facultées, enfin à la teste, à la beste, à la mencaudée et au beau visage… » .

Les relations entre les 3 ordres n’étaient donc pas des plus faciles.

Enfin, le seigneur étant chargé de l’entretien des chemins, perçoit « le droit de péage ou vinage sur tous les chariots et charrettes de passage, chargés de différentes marchandises: – un chariot chargé de bois  un patard – un chariot chargé de vin  huit patards – un chariot chargé de meules à moudre   huit patards – tous autres chariots chargés de marchandises telles que drap, toiles, étoffes…huit patards…. Les témoins confirment : qu’ils  n’ont  jamais ouï dire que la perception dudit droit ait,  en aucun temps, été contredite ni altérée… ».

La batiste, un commerce devenu difficile :

Au début du siècle, une bonne partie des ventes se faisait en Angleterre mais ce succès, avait excité l’émulation des Anglais qui voulurent établir chez eux des manufactures capables des mêmes productions. En 1726, les anglais promulguèrent une loi interdisant l’entrée sur l’île des toiles de batiste et de linon. Il en résulta de nombreuses banqueroutes dans le Cambrésis.

Le poids des impôts

En 1749, un grand nombre d’ouvriers mulquiniers et de fileuses se trouvent sans travail et sans ressources. Deux négociants de Saint-Quentin, les sieurs Corbeau et Maroteau qui ont également fait banqueroute, s’installent en Angleterre pour établir une manufacture de toilettes. Ne retrouvant pas localement les compétences, ils n’hésitent pas à établir, via Ostende, une filière d’émigration qui doit procurer aux Anglais les compétences dont ils ont besoin, pour la culture, la filature et la préparation du lin, pour la fabrication des « estilles » et pour leur utilisation. Bien entendu, certains mulquiniers du Cambrésis se laissent tenter.

Les archives nous dévoilent que, en mars 1763, le bourgmestre de Bruges fait savoir au Magistrat de Cambrai qu’il a fait arrêter et mettre en prison dix-neuf personnes venues du Cambrésis, qui voulaient s’embarquer à Ostende pour passer en Angleterre. Ils étaient conduits par un certain Jacques Ruffin dit « La Poussière » de Maretz, qui avait déjà effectué plusieurs voyages pour conduire des ouvriers en Angleterre, et qui recevait six florins par ouvrier amené.

Nul doute que Jean Baptiste reçut la visite de ce Jacques Ruffin. Pour s’en convaincre, il suffit de remarquer que sur les dix-neuf candidats au voyage en Angleterre, il y avait sept mulquiniers venant de Clary, village voisin de Bertry, mais Jean Baptiste ne semble pas avoir eu envie de tenter l’aventure.

Pierre Antoine et Jean Baptiste Lenglet, une belle solidarité :

Mariage au XVIIIéme siècle

Pierre Antoine et Jean Baptiste vont rester très proches comme l’atteste l’image de leur mariage en l’église de Bertry à quelques semaines d’intervalles en juin puis aout 1757. En juin, Pierre Antoine épouse une des filles d’Alexis Fruit : Anne Thérèse, et en aout, Jean Baptiste épouse Marie Scholastique Louvet, petite fille du maréchal ferrant de Bertry.

Le mariage de Pierre Antoine avec une fille de mulquinier facilite bien les choses pour l’intégration de la famille Lenglet dans la corporation des mulquiniers. D’ailleurs, c’est Pierre Antoine qui prend la succession de son beau père, car après son mariage avec Marie Thérèse Sagnier en 1722, ce dernier n’a eu que des filles.

La vie de Jean Baptiste marquée par le malheur :

En 1736, la paix est revenue dans le Cambrésis, Jean Baptiste ne connaît donc pas la guerre mais néanmoins, la solidarité autour du métier de mulquinier, va lui permettre de supporter une vie où la mort est omniprésente.

Les enfants : Jean Baptiste Lenglet et Marie Scholastique Louvet auront sept enfants.

Un premier fils : Pierre Martin Joseph naît en 1759, il est mulquinier comme son père et reste un support efficace de la famille.

Trois filles suivent : Anne Scholastique , née en 1761, ne survit que 5 ans, Jeanne Hélène, née en 1765, est un enfant mort né mais c’est surtout Marie Joseph née en 1763 qui va ébranler le moral de la famille par sa mort accidentelle à 15 ans en 1778.

François Joseph naît en 1766, il aura une vie plutôt difficile et intense: il perd sa première épouse Anne Elizabeth Hennino après trois ans de mariage  et se remarie avec Natalie Joseph Druon, ils auront 6 enfants. Mais, ses différentes activités professionnelles montrent combien, à l’époque, il fallait s’adapter aux circonstances. Il est successivement : valet de charrue, mulquinier, épicier et journalier.

Jean Joseph, notre arrière grand père naît en 1769, il est mulquinier comme son père.

Enfin, Marie Claire, née en1773 est fileuse, elle épousera Jean Baptiste Morcrette. Elle n’aura pas d’enfant.

En 1778, la mort accidentelle de Marie Joseph choque sa mère qui meurt exactement un an après sa fille, à l’âge de trente huit ans, et laisse à son mari la charge de  quatre enfants en bas âge entre vingt et six ans .

1789 : la révolution française et le décès de Jean Baptiste :

L’hiver 1788-89 est long et cruel. Le commerce et l’industrie languissent et l’inquiétude règne de toutes parts. Cette inquiétude est encore augmentée par le pressentiment d’une disette, car le 13 juillet 1788, un violent orage de grêle anéantit les récoltes de céréales. Les marchés s’approvisionnent difficilement, le blé et le seigle se vendent très chers et le peuple souffrant  de la famine est prêt à se révolter au premier indice d’accaparement des grains. 

  Le 17 avril 1789, dans l’Église Saint Sépulcre de Cambrai, aménagée pour la circonstance par les charpentiers et tapissiers , se tient l’Assemblée Générale des trois Ordres du Cambrésis. Les membres du Clergé et de la Noblesse déclarent immédiatement au Tiers-Etat que leurs deux ordres « avaient /renoncé et renonçaient pour jamais à tous les privilèges et exemptions pécuniaires « . Cet événement montre bien que les représentants des privilégiés du Cambrésis désirent sincèrement établir une plus grande justice sociale, alors que ceux du Tiers-Etat n’envisageaient nullement de conquérir droits et libertés par la force.

De mai à juillet 1789, les émeutiers de la faim poussent la population des villages à la révolte à Cambrai. Début mai, suite à la réunion des États Généraux de Cambrai, la foule s’empare des sacs de blé du négociant Boutry, soupçonné de vendre du blé hors de la ville. Les pilleurs s’attaquent aux couvents, abbayes, fermes, châteaux…

Le 14 juillet, la nouvelle se répand de la Prise de la Bastille. Un enthousiasme du peuple se déchaîne dans la ville, dans un geste de défense, les protestataires défoncent les portes de la prison de Cambrai pour délivrer les émeutiers.

Le 2 novembre 1789, l’Assemblée décide de vendre les biens ecclésiastiques déclarés « biens de la Nation ».

C’est dans ce contexte révolutionnaire que Jean Baptiste s’éteint à l’âge de 53 ans, il sera inhumé le 25  novembre à Bertry.

25 Novembre 1789 Acte de décès de Jean Baptiste LENGLET

François Lenglet 21/10/2022

Sources:

La Mulquinerie à Cambray des origines à 1789 André Dolez 1932

Monographie Communale & Paroissiale de Troisvilles_ Abbé G Moyal 1903

Notre histoire à travers celle de Clary en Cambrésis Henri Montigny 1988

Bertry dans le Cambrésis Dominique Solau 2017

Notes ; 1- voir article Nos ancêtres »Lenglet » N°5

2-voir article Nos ancêtres »Lenglet » N°4

Annexe :

Un commentaire sur “Nos ancêtres « Lenglet »dans la région du Cambrésis au XVIIIème siècle: les premiers « mulquiniers »(6)

  1. C’est un vrai régal pour moi, les lieux les noms tout m est familier. Bel article complet qui mélange judicieusement histoire et généalogie.

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s