La subsistance de l’homme est ce qu’il a de plus précieux et au fil des siècles le pain est devenu le fondement de cette subsistance. Mais pour fabriquer ce pain, il faut transformer le blé en farine ou comme on le disait autrefois en «mouture ». Ainsi, selon un préfet au XIXe, « le moulin à vent à moudre le blé, construit en bois, garni de ses meules tournantes et ses ustensiles » va jouer un rôle majeur dans nos campagnes.
Les moulins à vent dans le Cambrésis.

Louvière » vers 1890
Dès le XIe siècle, les moulins à vent se répandent avec succès en Flandre. En effet, le territoire, comme celui du Cambrésis, forme une plaine à peu près unie, coupée par quelques monticules peu élevés avec une dépression vers chaque ruisseau. Balayé par un vent fréquent et régulier, ce territoire est favorable à l’installation de moulins à vent.
Dans les siècles qui vont suivre, il reste néanmoins une limite à l’implantation de moulins, en particulier dans le Cambrésis : les droits d’eau et de vent, restent purement féodaux et patrimoniaux. C’est à dire que nulle autre personne que le seigneur des lieux n’a le droit d’ériger un moulin sur le fief dudit seigneur. Ainsi les moulins à vent restent dans la région l’exclusivité du seigneur des lieux ou du clergé qui pourront ainsi toucher un « droit de vent ».
Ces moulins en bois vont aussi montrer une certaine fragilité : leurs imposantes dimensions, leur position en plein vent au sommet d’une colline les rendent sensibles aux orages violents et aux tornades.
A Troisvilles : la construction du moulin à vent dit « Des Pierres »

Nous voici en 1756 à Troisvilles, dans le Cambrésis, Marie-Désirée d’Esclaibes, Dame d’Amerval et du Fayt, perd son mari Messire Michel-Joseph Muxica de la Torre-Button, seigneur du Fayt. A cette époque, elle vit au Fayt, dans un élégant château qui comporte une tour élégante, une salle immense capable de recevoir 250 personnes et un escalier souterrain secret conduisant à la chapelle de Notre Dame de Tongre voisine. Il a été bâti sur les ruines d’un château féodal qui comportait un donjon en pierre que l’on appelait le château De La Tour et dont l’existence est attestée dès 1096. Elle décide de faire bâtir sur son terrain près du chemin conduisant au village voisin de Reumont, un moulin à vent en utilisant les pierres du donjon en ruine. Ce moulin portera très bientôt le nom de moulin « Des Pierres ».

Arrive la révolution française de 1789. Le Moulin des Pierres va jouer un rôle clef dans la triste bataille de Troisvilles qui va opposer le 24 Avril 1794 les troupes républicaines françaises aux troupes alliées : autrichiennes et anglaises décidées à rétablir la royauté en France. Le chef des troupes anglaises, le duc d’York et celui des troupes autrichiennes, le F.M.L. Otto vont gravir la tour du moulin pour tenter d’observer les mouvements des troupes adverses. Le F.M.L. Otto relate « Je montai sur le moulin à vent (de Troisvilles) et Son Altesse Royale eut la bonté de me donner une bonne lunette « . C’est ainsi qu’il va pouvoir suivre à distance les troupes françaises et établir la stratégie qui leur permettra de les battre sévèrement. Les « de la Torre », seigneurs du château du Fayt seront contraints d’émigrer et la propriété du moulin va devenir l’enjeu de rivalités entre citoyens français. Ainsi, en 1802, un certain Etienne Taisne avertit le Préfet afin de posséder « une demi mencaudée de terre et un moulin à vent à bled y bâti, situé à Trois Villes et provenant des héritiers de la Torre émigrés… »
Le développement des moulins au cours du XIXe siècle.

Les lois féodales ont donc disparu et le nombre de moulin va croître rapidement, c’est ainsi que en 1809, on recensera 202 moulins dans le Cambrésis dont 22 moulins à eau avec roue perpendiculaire et surtout 151 moulins à vent. Dans le seul secteur de Troisvilles, on comptera 3 moulins à Honnechy, 3 à Reumont et 6 à Troisvilles. Un de ces moulins était appelé le moulin de « La Louvière « également dénommé moulin Lenglet (voir première photo), situé à proximité du chemin de Bertry sur le territoire du Petit Troisvilles, Ce moulin est érigé pendant la période révolutionnaire. Au début du XVIIIe siècle, il est occupé par Louis Langlet ou Lenglet, meunier originaire de Reumont, puis après son décès en 1806, il est repris par son fils Antoine-Joseph Lenglet . Nul doute que ce Lenglet était un de nos cousins éloignés.
Au début du XXe siècle, le développement de notre industrie et l’arrivée de l’électricité vont bouleverser les stratégies. Les minoteries vont rapidement remplacer les moulins qui seront laissés à l’abandon.
François Lenglet père et fils artistes peintres…

Nous arrivons en 1938, mon père François Jules Désiré Lenglet est enseignant à Merville dans la région de Lille. Il est très attaché à sa région d’origine et vient chaque année passer toutes ses vacances à Troisvilles pour retrouver sa famille et son jardin. Un jour de détente, il prend ses aquarelles et son pinceau et va croquer le Moulin de Pierres en ruine et son environnement. Ce dessin sera encadré et accroché en bonne place dans son bureau.
Je vais naître après la seconde guerre mondiale et, suivant la tradition familiale, je passerai toutes mes vacances scolaires à Troisvilles. Voilà comment je découvrirai la campagne, le monde du textile artisanal et aussi l’évolution du monde agricole et les premiers tracteurs. C’est surtout l’espace, la nature et le plaisir de courir en totale liberté dans le village qui ont marqués ma mémoire.

En 1960, élève au lycée, les cours de dessin vont me conduire à découvrir la gouache. Un beau jour d’été, souhaitant montrer mes nouvelles compétences à mes jeunes cousins, je les entrainerai sur la place du Fayt et réaliserai à la gouache le dessin du Château du Fayt à l’abandon. Je placerai ce tableau dans ma chambre d’étudiant et il restera à cet emplacement pendant des décennies.
Pour conclure ,c’est en préparant cet article que je découvrirai les liens historiques entre le Château du Fayt et le Moulin de Pierres. Ces deux tableaux sont les seuls qui ont été réalisés par François Lenglet père et fils et qui ont eu l’honneur d’être encadrés et exposés dans la maison de famille, nos talents d’artistes peintre en sont restés là……
François Marie Lenglet 04/2020
Annexe 1

Annexe 2 Et aujourd’hui?

Sources :
Monographie Communale de Troisvilles C Farez instituteur 1900
Monographie Communale et Paroissiale de Troisvilles Abbé Momal 1903
Bertry dans le Cambrésis Dominique Solau 2018
Belle histoire
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trés très riche .Merci
je vais transmettre à mes filles l’une a fait les beaux arts et l’autre de la généalogie eb dehors de ses études de médecine ,le troisième meneuse de projet à la bibliotheques départemental.ma grand-mère paternelle Rosalie Bricout est née « à l’alouette « de son arbre G6 basquin jeanbaptiste mariéà Delhaye Anne catherine fille naturelle née de delhaye augustine àbertry est ce commun à votre arbre?
cordialement
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