N’oublions pas : La catastrophe de Malpasset

Le 2 Décembre 1959 vers 21h15, le barrage de Malpasset, situé à une douzaine de kilomètres de Fréjus, céda et 50 millions de m3 d’eau déferlèrent sur la vallée, emportant tout jusqu’à la mer.  423 personnes perdirent la vie. Des hommes, des femmes et 135 enfants.
Il s’agit de la plus importante catastrophe civile que la France ait connue.   
Paris Match Décembre 1959

C’était il y longtemps: il y a 60 ans, c’était bien loin de chez moi et pourtant, je n’ai jamais oublié la catastrophe de Malpasset. J’avais 12 ans, j’étais lycéen à Douai dans le Nord de la France, ce soir là, je m’apprête à rejoindre ma chambre quand je vois mon père se précipiter à l’écoute de la radio (nous n’avons toujours pas la télévision) : une nouvelle vient de tomber « un barrage hydraulique vient de céder dans le sud de la France et la ville de Fréjus est envahie par les eaux ». Le lendemain nous retrouvons mon père bien pale après une nuit passée à l’écoute de la radio, il nous confirme que la rupture du barrage a provoqué de nombreux morts et de très gros dégâts. Les jours suivants, en regardant les journaux montrant les images de l’horreur, j’ai compris que je venais de perdre l’insouciance de l’enfance en prenant conscience que la mort pouvait toucher n’importe qui, n’importe quand. Quelle stupeur de voir des enfants mourir de façon aussi stupide, ils étaient si nombreux à Malpasset là bas où le soleil brillait toujours, où la mer et le ciel étaient toujours si bleus, là bas où je rêvais d’aller pour enfin voir autre chose que les terrils du Nord si noirs et ce ciel si gris.

Barrage de Malpasset: « barrage-voûte »

Je revois mon père traumatisé par cette catastrophe : professeur de physique, il suit avec passion la façon dont l’industrie française s’est relevée depuis la fin de la seconde guerre mondiale, il y a participé, à sa manière, en reconstituant le laboratoire de physique de l’École des Mines de Douai totalement détruite pendant la guerre. Il m’expliquera que dans le domaine des barrages hydrauliques, la France a acquis une réputation internationale en particulier grâce au principe du « barrage-voûte » qui résiste à la pression de l’eau par l’effet voûte, c’est à dire en s’arc-boutant sur les flancs de la vallée. Il permet au barrage d’avoir une paroi mince par contre, il sollicite fortement ses appuis et exige donc un rocher de bonne qualité pour rester dans le domaine élastique. Hors précisément, le barrage de Malpasset était du type barrage-voûte et sa rupture plongera mon père dans le désarroi et le doute sur l’avenir de ces nouvelles technologies et m’incitera à la plus grande prudence.

Les secours, autorail renversé

Revenons quelques jours après la catastrophe, notre Président de la République, le Général de Gaulle lance l’appel suivant :

 «Devant la catastrophe qui frappe le département du Var la solidarité nationale doit se manifester . Les Françaises et les Français auront à cœur, j’en suis sûr, de porter secours à celles et à ceux qui sont dans la peine.»

Notre famille participera à cet effort de solidarité par une modeste contribution financière… en rognant quelques jours plus tard sur… les cadeaux de Noël.

2018 Barrage en ruine

Enfin, c’est en préparant ce texte que j’ai appris qu’un dictionnaire du XVIII ème siècle précisait que l’appellation toponymique de Malpasset signifiait « éboulement, terrain dangereux », une signification malheureusement oubliée lors  de la conception de l’ouvrage.

François Lenglet   Novembre 2019.   

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