Nous avons vu que, à partir de fin 1940, François LENGLET, prisonnier dans l’ Oflag XIII A de Nuremberg, est condamné à l’oisiveté. Ayant dû laisser son poste de professeur au lycée de Dunkerque, il va consacrer son temps libre à étudier , en particulier, le rôle et la place du système de l’éducation nationale en France.
Le « centre intellectuel » de l’Oflag va lui confier le pilotage d’un groupe d’enseignants chargés d’analyser l’organisation et le rôle des œuvres de jeunesse en France et les contributions qu’elles peuvent apporter à l’enseignement. Après plusieurs mois de travail, le groupe présentera un rapport détaillé sur ce sujet.
La première partie du rapport décrit l’histoire de l’enseignement en France du Moyen Age à 1940. La seconde partie décrit chacune des principales « organisations de jeunesse », sa place dans la société et sa complémentarité par rapport au monde enseignant dans l’éducation des enfants. Les commentaires de François LENGLET nous plongent bien dans l’atmosphère et les difficultés de la seconde guerre mondiale.
L’extrait des notes de François LENGLET décrit la composition du groupe de travail et montre le sérieux et la rigueur du travail de ce groupe :

Voici le document final, présenté par le Comité « Œuvres de jeunesse » fin 1941:
« Organisation des œuvres de jeunesse, Contributions qu’elles peuvent apporter à l’enseignement »

Education individuelle
Sauf cas exceptionnels, l’éducation a perdu tout caractère individuel. C’est un luxe de remettre à quelque percepteur le soin de cultiver, comme une plante précieuse, l’enfant ou l’adolescent qu’on lui confie.

Par exemple : Le personnage de Rabelais : Gargantua,(1) d’abord régenté par les maîtres Thubal Holoferne et Jobelin Bridé, fut « institué » par Ponocrates … L’enseignement de Thubal Holoferne est caractérisé par le temps perdu : l’inutilité des savoirs accumulés et l’ennui des activités sans intérêt.
Le fils qu’attend Diane de Foix recevra sur le conseil de Montaigne (2), « un gouverneur du choix duquel dépend tout l’effet de son institution ».
Mais ce sont là soucis et privilèges réservés aux « enfants de maison ».
De même, peu de jeunes garçons ont, comme Pascal, le bonheur d’avoir un père qui puisse se démettre de sa charge pour se consacrer entièrement et utilement à leur éducation
Progressivement et liée à l’évolution de la civilisation moderne s’est précisée la nécessité de l’instruction et de l’éducation de l’ensemble de la jeunesse.
Education des masses

Jusqu’à la révolution, le clergé assumait seul la fonction enseignante et dirigeait des collèges florissants. Ce n’était pas encore une affaire d’état.
C’est la Convention, dans sa volonté d’atténuer le plus possible l’inégalité sociale, qui proclama, dans un article de la constitution de 1793 que « l’instruction est le besoin de tous. La société doit favoriser, de tout son pouvoir, les progrès de la raison publique et mettre l’instruction à la portée de tous les citoyens » (Montaigne 3).
En fait, l’application du principe exige de tels moyens matériels et, s’est compliquée de tant de problèmes politiques, sociaux et d’éducation, qu’elle demanda près d’un siècle pour se mettre en place.

En 1808, l’Université Impériale reçoit le monopole de l’enseignement, organise militairement ses lycées et se désintéresse de l’enseignement primaire. Celui-ci fut généralisé par la loi Guizot (1833) qui obligeait toute commune à entretenir au moins une école primaire élémentaire et toute ville de plus de six milles habitants une école primaire supérieure.
En 1850, la IIème République promulgue la loi Falloux qui rompt le monopole d’Etat et met l’enseignement sous la surveillance de l’Eglise.
En 1880, avec Jules Ferry, l’enseignement primaire devient obligatoire ; les écoles publiques sont laïques et gratuites. Si le droit d’enseigner est enlevé aux ordres religieux non autorisés, les écoles privées, confessionnelles ou non, subsistent, et la journée du jeudi est strictement libérée permettant aux parents de faire donner, s’ils le désirent, l’instruction religieuse à leurs enfants.

La Révolution nationale consacre les mêmes principes généraux : obligation jusqu’à 14 ans, laïcité.
Mais les écoles privées reçoivent une reconnaissance officielle du fait qu’elles peuvent sous certaines conditions bénéficier de subventions de l’Etat.
L’obligation s’étend en réalité sous une forme assouplie au-delà de 14 ans. En effet les jeunes gens qui ne poursuivent pas leurs études dans l’enseignement secondaire, sont sensés apprendre un métier.
Dans les professions industrielles ou commerciales, ils doivent suivre les cours professionnels institués en 1919 par la loi Astier.
Dans l’agriculture, la loi du 5 juillet 1941 crée l’enseignement postscolaire agricole obligatoire pour les garçons et les filles âgés de moins de 17 ans, à raison de 100 heures par an.
La masse des enfants ou jeunes gens soumis ainsi à l’obligation scolaire est telle que ; -l’éducation ne peut leur être distribuée que collectivement par classes de 30 à 40 élèves, quelquefois plus ! – l’université doit dispenser la formation morale, intellectuelle, physique et civique du futur homme, du futur citoyen.
A l’école primaire, elle jette les premières bases de la préparation à la vie. Dans l’enseignement secondaire et supérieur, elle élève les cadres et les guides de la société.
Elle est la première œuvre de jeunesse. Lourde est sa tâche et sa responsabilité immense.
A la manière française, on lui adresse mille reproches [la moralité trouve qu’elle éduque mal ou pas du tout, l’intellectuel prétend qu’elle déforme, l’armée ne compte que les illettrés, et, les recrues débiles qu’elle reçoit, et, quand vient la défaite, c’est parce que l’école n’a formé que de mauvais Français]. Montaigne avait déjà dit » A la vérité, nous voyons encore qu’il n’est rien si gentil que les petits enfants en France ; mais ordinairement, ils trompent l’espérance qu’on en a conçu, et, hommes forts, on n’y voit aucune excellence ; j’ai ong tenir à gents d’entendement, que les collèges où on les envoie de quoy ils ont foison, les abrutissent ainsi »(3)

Reconnaissons que le maître, enfermé avec son troupeau dans son école, astreint au respect d’horaires et programmes strictement établis et à la préparation d’examens nombreux et variés, n’arrive que par prodiges, de volonté, et, d’ingéniosité à maintenir son enseignement au contact de la nature et des réalités de la vie, à dispenser à ses élèves une éducation active adaptée aux dispositions naturelles de chacun. [Viennent quelques déboires, quelques fatigues et la méthode va naturellement à la discipline rigide, aux règles doctrinales et à la routine]
Pourtant il n’est pas seul. Complétant ou continuant ses efforts, la famille, les églises, les camarades, le milieu social, des œuvres nombreuses et diverses apportent leur concours, le gênent aussi parfois.
Nous nous proposons d’étudier particulièrement les œuvres de jeunesse en recherchant quelle contribution elles peuvent apporter à l’enseignement. Négligeant l’importance que l’une ou l’autre ait pu prendre, nous examinerons leurs méthodes et leur influence sur les jeunes gens en cours d’études, soit que le maître les ignore, soit qu’il participe à leur activité, soit, enfin, qu’il juge utile de s’inspirer de leurs principes et de les adapter à son enseignement.
Cantines scolaires
Aucun effort physique ou intellectuel prolongé ne peut être demandé à l’enfant si son alimentation est insuffisante ou mal réglée ou si la route qui le conduit en classe est cause de fatigues rebutantes. Les cantines scolaires assurant le repas de midi fonctionnent sous des formes différentes à la ville et à la campagne

Ici, le maître surveille simplement quelques élèves qui ont apporté leur provende, leur servant parfois la soupe chaude [Dans le délassement de la table, les discussions morales, les conseils d’hygiène portent naturellement].
Là, des services communaux importants reçoivent des centaines d’enfants, leur donnant pour un prix modique ou gratuitement un menu complet [ Mais l’absence d’intimité, la surveillance confiée à un personnel non enseignant rendent difficile toute action éducatrice profonde qui mérite cependant d’être tentée.]
Dans les deux cas, le résultat le plus tangible est une amélioration très nette de la fréquentation scolaire. On imagine que, dans les temps cruels que nous vivons, les cantines soient devenues des organes indispensables dans les localités industrielles à ravitaillement difficile. Des distributions de vêtements et de chaussures complètent heureusement leur action. Préoccupations bien matérielles pensera-t-on ? Oui, mais qui exigent actuellement dévouement et activité et méritent toute l’attention des instituteurs.
Inspection médicale – Camps du jeudi – Camps de vacances – Patronages.
Supposons que la misère soit chassée du sol de France ; à part quelques déficients que pourrait dépister une inspection médicale qui ne serait plus une vaine parodie, nos garçons, sitôt libérés du travail scolaire aspirent naturellement au jeu.

Ils savent bien se grouper en petites bandes pour courir la campagne ou la rue. Guidés par les plus audacieux, ils commettent, avec la plus tranquille insouciance, les imprudences les plus folles. Qui d’entre nous n’a conservé le délicieux souvenir de quelque escapade brillante, excursion au derrière d’un camion ou d’un tramway, ascension de quelque arbre fruitier ou non, baignade dans les mares, à moins que gelées, elles ne nous aient attiré par leur glace si unie ! Plaisirs dangereux où la morale ne trouvait pas toujours son compte et qui causait tant d’inquiétude aux parents.
Ne pouvant pas toujours nous garder à la maison, ils ont inventé les camps du jeudi, camps de vacances et patronages. Vastes, bien installés, dirigés avec dévouement par un personnel actif, ils permettent aux jeunes enfants de prendre leurs ébats en toute sécurité dans un milieu moralement sein et de rétablir leur équilibre physique. Mais, avouons-le, cela sent la clôture.
Heureux les gars de la campagne, qui s’en passent bien !
Sociétés sportives.
A 13 ou 14 ans, au seuil de l’adolescence, le garçon prend conscience de ses moyens physiques, son imagination les enfle. Ne court-t-il pas plus vite que son père ? Il connait champions et vedettes et discute leurs performances. Cependant, s’il rêve d’imiter leurs exploits, bien peu d’organisations sportives, ces Ligues sont aptes à le recevoir, à guider rationnellement son initiation : terrains peu nombreux, gros frais qui ne paient pas. Peut-être aussi, répugne-t-il à la discipline qu’impose la fréquentation d’un club.

En fait, malgré les apparences, une très faible proportion de lycéens et collégiens pratiquent régulièrement les sports. Quelques sujets par classe qui, sauf exception, récupèrent sur le travail scolaire les débauches d’énergie du match hebdomadaire. Pourtant, les maîtres soucieux d’une éducation complète et équilibrée se demandent ce qu’ils doivent regretter le plus : l’excès de quelques-uns ou l’abstention de la masse des autres.
Une solution est apportée par la création de clubs d’établissement, s’adaptant mieux à la vie scolaire, disputant des championnats d’Académie peu chargés qui ne soient pas affaire de spectacles. Le directeur encourage et contrôle, parfois de jeunes professeurs se mêlent à leurs élèves et décrassent avec eux muscles et cerveau, leur autorité n’en souffre pas, au contraire. Si le terrain n’est pas trop éloigné, si l’installation hygiénique est suffisante, si la sécurité est apportée par un contrôle médical périodique, l’école n’est plus une « boite ».
On y respire, on n’y bachote pas. Maître et élèves travaillent en parfaite harmonie physique et intellectuelle.
Auberges de jeunesse, Camping.
Les vacances venues, ces mêmes grands élèves, confiants dans leurs moyens physiques, n’hésitent plus à courir les routes, d’auberges de jeunesse en terrains de camping, faisant ample provision de plein air, durcissant leur corps, forgeant leur caractère aux prises avec les difficultés imprévues, enrichissant leur esprit de milles observations.
Ne leur en demandons pas compte à la rentrée, voulez -vous ?
Sociétés musicales.

Dans certaines familles ou certaines localités aux traditions vivaces et impératives, la culture musicale est de rigueur. Plusieurs heures par semaine, les jeunes élèves reçoivent leur leçon de solfège soit chez eux , soit chez un professeur particulier, soit à l’école ou Harmonie municipale. Dans ce dernier cas, les sociétés instrumentales ou chorales de la ville utilisent leurs capacités et les habituent, très tôt, à la discipline à la fois la plus sévère et la plus agréable qu’on puisse imaginer.
En classe de chant, fiers de leur supériorité, ils entrainent leurs camarades, à la grande satisfaction du professeur.
Jeunesses politiques.
Nous ne pouvons négliger une question grave : les tentatives venues de tous les horizons pour faire de la jeunesse scolaire un instrument politique.
Jusqu’à quatorze ou quinze ans, les élèves y mordent très peu ; exhibition occasionnelle d’insignes et c’est tout. Mais il arrive que quelques anciens touchés au plus profond de leur être se livrent hors de l’école, ou, même à l’intérieur, à un prosélytisme passionné. Finies alors les études sérieuses ; l’esprit est ailleurs et perd ce que le caractère gagne. Conséquence désastreuse, si l’on n’y met bon ordre, des réactions se produisent, rompant la bonne camaraderie, troublant toute la classe.
Au maître de montrer ce qui unit et d’orienter les jeunes ardeurs vers l’idéal si simple et si beau : Travail, Famille, Patrie.
Cours professionnels et agricoles.

Les jeunes gens qui ne poursuivent pas leurs études dans l’enseignement secondaire, sont sensés apprendre un métier. Dans les professions industrielles ou commerciales, ils doivent suivre les cours professionnels institués en 1919 par la loi Astier. Certains gros établissements organisent eux-mêmes ces cours et, respectant la lettre de la loi, les donnent pendant l’horaire normal de travail avec un personnel spécialisé. Mais dans tous les autres cas, ce sont des locaux, ateliers et professeurs de l’enseignement technique ou des écoles primaires qui reçoivent les apprentis en cours du soir, voire du dimanche matin, et il ne peut guère en être autrement.
Dans l’agriculture, la loi du 5 juillet 1941 crée les cours postscolaires agricoles obligatoires pour les garçons et les filles âgés de moins de 17 ans à raison de 100 heures par an. Ici encore, ce sont les instituteurs spécialisés qui, à raison de deux heures au minimum par semaine, après la classe, reprendront sur des bases plus directement pratiques l’éducation de leurs anciens élèves.
De ces extensions récentes, l’enseignement tire un double bénéfice : d’une part, l’action prolongée du maître s’étendant à l’âge critique où la jeunesse s’abandonne trop facilement à la grande émancipation, et, d’autre part, réaction sur le maître qui, se dégageant de la pure intellectualité, doit s’informer et se pénétrer des réalités du monde qui l’entoure.
Cours divers
Parfois, nos jeunes étudiants, suivant des goûts personnels, fréquentent le soir des cours spécialisés : sténographie, langues étrangères, photographie, T.S.F. etc… Cette curiosité louable, est gage de l’intérêt accru qu’ils reportent sur les parties correspondantes de leur programme scolaire.
Il nous souvient d’une transformation radicale d’une classe de trigonométrie quand, en 1936, plusieurs élèves inscrits à une école d’aviation populaire se trouvèrent aux prises avec les problèmes de navigation. Et aussi quelle joie profonde, sous leur regard clair, pour apprendre à leur maître leur premier vol en « solo » !
Œuvres de solidarité.

Achevons cette revue rapide en mentionnant les œuvres d’entraide : Amicales d’anciens élèves qui établissent la liaison entre les générations successives, apportant le soutien matériel et moral aux jeunes qui montrent, réclamant souvent leur concours pour leurs fêtes de bienfaisance – Sociétés scolaires de secours mutuel- Pupilles de l’Ecole Publique qui donnent dès l’enfance l’habitude de la solidarité.
Première conclusion.
Il n’est pas dans notre sujet d’étudier le problème de l’éducation générale de la jeunesse française et de son orientation politique
1- Constatons simplement que presque toutes les œuvres mentionnées conservent leur raison d’être et survivront, mieux coordonnées sans doute et animées d’un esprit nouveau, mais avec toute leur diversité
2- Avec des ressources souvent précaires, elles ont prospéré et ne prospéreront qu’à la mesure et à la foi de leurs animateurs. En leur donnant leur concours, les membres de l’enseignement ajustent naturellement les activités intellectuelles, physiques et morales de leurs élèves. Ils vivent eux-mêmes plus pleinement, leur propre personnalité s’en enrichit, ils s’attirent respect et considération
3- Regrettons que la grande masse des adolescents se soient trouvés, volontairement ou non, en dehors de leur action quelques années avant la guerre. Par création de Brevets Sportifs à plusieurs degrés, on avait, avec un certain succès, tenté de donner à toute la jeunesse un minimum de culture physique et sportive. Actuellement, on ne conçoit plus que nos jeunes gens puissent être abandonnés à la rue, aux distractions malsaines ou purement individuelles.
4- Mieux, c’est sur la jeunesse que s’édifiera le relèvement de la France. Il faut bâtir solide et sans fissure : têtes solides, sur des corps solides, entraînés au service du bien commun. Les maîtres y œuvreront, mais qu’ils ne cessent de penser l’édifice dans son ensemble !
Rabelais, Montaigne, Rousseau sont d’excellents guides, ils ont remarquablement exprimé l’art de donner à la personne son plein épanouissement. Tout imprégnés de leurs conseils, nous avons souvent considéré l’éducation collective comme un obstacle à leur application.
par le Comité œuvres de jeunesse. Décembre 1941
Notes :
1-François Rabelais Gargantua 1534 . Comme celle de Jobelin Bridé, sa pédagogie s’oppose à celle de Ponocrates, modèle du maître éclairé. « Non seulement l’élève lit des livres inutiles mais il les recopie sur parchemin en concentrant toute son attention sur une calligraphie désuète »
2-Article 22 de la Constitution de 1793 ou de l’An I, qui ne fut pas appliquée (Malet et Isaac 1ière Hachette p 195)
3-Montaigne Essais Chapitre XXV p 174
Complément :
Le rapport ci dessus est complété par une étude spécifique de « La Jeunesse Etudiante Chrétienne » . Ce rapport , un peu utopiste, nous plonge bien dans l’atmosphère de la société française de la première moitié du XX ième siècle avec un poids important de l’église sur notre société . Voici cette Annexe
Annexe :
La Jeunesse Etudiante Chrétienne
La Jeunesse Etudiante Chrétienne est un des mouvements spécialisés dont la jeune école catholique est si fière. Créée en 1929, elle avait, avant la guerre, obtenu un développement important. C’est un mouvement de « Jeunes » pour les « Jeunes »..
Les dirigeants sont des étudiants. Ils ont la responsabilité de la direction générale (Editions de revues, journaux, agendas), -d’un budget important – la responsabilité religieuse.
Schéma de l’organisation générale
- Secrétariat Général pour la France
- Secrétariat Général par diocèse ou académie : une équipe assistée d’un aumônier
- Sections d’école ou de paroisse 4 ou 5 dirigeants travaillant en équipe et assistés d’un aumônier.
Mystique du mouvement.
La mystique vise à provoquer chez les étudiants de tous âges une prise de conscience des valeurs de vie qui sont en eux et autour d’eux : valeurs de la jeunesse, de leur vie d’étudiant, de leur vie chrétienne et le développement de ces valeurs.
Cette mission n’est jamais envisagée, sous l’angle individuel : les jeunes réunis en petites équipes étudient le milieu dans lequel ils vivent tels qu’ils le trouvent, se communiquent leurs impressions et leurs idées et entreprennent non seulement de s’améliorer eux-mêmes, mais aussi de modifier tout ce milieu.
Pour que leurs pensées et leurs actes les saisissent au plus profond de leur être, on leur laisse à tous les échelons la plus grande initiative, quitte à voir parfois commettre des bévues.
Méthode
Les jeunes étudiants sont placés en position d’enquête continuelle : « Ne pas fermer les yeux, mais les ouvrir clairs, lucides, sur le réel… »
En famille : « N’as-tu pas remarqué que Maman a maigri ? ». Essaye de te rendre compte des difficultés de la vie actuelle- de calculer ce que tu lui coûtes, de dresser une manière de budget en t’informant des prix.
A l’école : « On voit bien que Jacques n’est pas assez couvert ».
Dans les milieux populaires : « Rends-toi compte en détail de ce qu’est l’habitation, le vêtement, le chauffage, l’alimentation, en certains quartiers misérables ».
– Il faut confectionner les observations, les faits : les rassembler en équipe avec d’autres camarades. – Pourquoi même ne pas essayer pendant un jour ou deux d’expérimenter les conditions d’existence ainsi révélées » …
Après cette prise de conscience, il faut agir.
« D’abord, nous unir tous pour repousser la commune misère- Constituer un comité actif, dynamique, qui soit vraiment la représentation de toute l’école- Nous mettre au service du Secours National – Y intéresser tous nos camarades, former des équipes prêtes à marcher au premier signal- « Nous irons jeudi, ramasser du bois mort, que nous déposerons dans de pauvres ménages ».
Et ainsi, dans tous les domaines de sa vie quotidienne, de la vie qui l’entoure : en famille, à l’école, dans la rue, l’adolescent est entraîné à observer, à sentir, à agir. Vie matérielle et physique-Vie intellectuelle- Vie morale, sentimentale- Vie sociale- Vie religieuse.
Méthode réaliste qui oblige à repenser continuellement les problèmes qui restent à l’affut de ce qui est plus actuel, plus urgent.
Technique.
Ces préoccupations morales à vrai dire, ne sont pas nouvelles. Ouvrons n’importe quel manuel scolaire de lectures choisies : toutes les pages invitent les enfants aux mêmes réflexions, aux mêmes actes de charité ou de redressement.
Caractéristiques du mouvement
L’originalité du mouvement, ce qui a assuré son succès, réside dans :
1) la grande initiative laissée aux jeunes gens–
Des cadres supérieurs aux sections élémentaires, dirigeants et adhérents sont des jeunes, jugent en jeunes, agissent en jeunes- évidemment dans les limites des enseignements et des dogmes de l’Eglise où les guide l’aumônier assistant ;
Loin d’être de passifs réceptacles de conseils, ils vivent intensément leur « rôle », en éprouvent toutes les difficultés, en reçoivent aussi toutes les joies. Il en résulte un épanouissement par le sens des responsabilités, par un besoin d’enrichissement continuel, un besoin de culture.
2) Le travail en équipe dans un milieu à conquérir.
L’idéal proposé serait trop lourd pour un individu. L’équipe de camarades apporte amitié, confiance, émulation, réconfort. On s’y partage des taches, on y communique ses réflexions, on s’y habitue à la discipline, on y collabore à la conquête de l’idéal commun et on y éprouve la fierté des résultats obtenus.
Pas plus que les individus, les équipes ne sont pas isolées. On se réunit aux semaines d’études, aux excursions _ entre étudiants des diverses origines, parfois étudiants et étudiantes ou encore entre étudiants et ouvriers, et paysans .Et, toujours entre jeunes, on mesure la valeur de la communauté d’idéal, on prend conscience de la force du moment, on s’y fortifie.
3) le réalisme des sujets de réflexion et d’action proposées intéressent directement les jeunes. Exemple : la pureté_ l’honnêteté en classe et aux examens.
Problèmes dont la solution est à leur portée.
4) la création de services pour les jeunes, apportant soutien moral et matériel, répondant aux besoins de leur vie d’étudiants : soirées de lectures, de distractions, de sports, excursions etc….
Et cela à la manière J. E. C. c’est à dire dans l’école fréquentée, pour eux certes, mais aussi pour tous les camarades, suscitant leur création ou les animant, leur donnant toute leur efficacité s’ils existent
En ce qui concerne la scolarité, un tel mouvement amène chez les jeunes un changement d’esprit :
– vis à vis de l’école, qu’ils doivent aimer.
– vis à vis de l’enseignement qu’ils y reçoivent, à utiliser au maximum.
– vis à vis de leurs maîtres en qui ils doivent voir des initiateurs, des éducateurs, à qui ils doivent apporter la collaboration la plus étroite.
En résumé, changement de l’attitude générale, non plus passive mais consciemment active.