Opération Dragoon à Lorgues : les trois polonais.

Rappelons que la seconde guerre mondiale a été déclarée par la France et l’Angleterre en septembre 1939 à la suite de l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazi. Tombés sous le joug des nazis, les Polonais étaient forcés de s’engager dans l’armée allemande.

2 septembre 1939 Occupation allemande de la Pologne

En juin 1944, trois polonais enrôlés de force dans l’armée allemande parviennent à s’échapper de leur brigade de l’armée allemande dans la région de Lorgues (au Défend ).

Cherchant à échapper définitivement à la surveillance des Allemands, ils vont parvenir à retrouver un groupe de résistants lorguais. Un certain Antoine Magnani, membre du groupe de résistants se montre plutôt craintif, et n’hésite pas à pointer son arme vers les Polonais. Ces derniers parviennent néanmoins à exprimer leur souhait de rejoindre la résistance française. Ils seront rejetés dans un premier temps.

1944 Carte de la Résistance Région de Draguignan

Huit jours plus tard, ils réapparaissent : en fait, ils ont été pris en charge et nourris par Charles Valériano dans un cabanon, dans les bois du côté de la Marsane. Cette fois, le groupe de résistants, accepte de les prendre en charge et les installe dans une Volkswagen volée et prennent la direction de Canjuers. Malheureusement, un accident grave à Tourtour, les oblige à revenir sur leurs pas.

Les résistants du Var, méfiants, avaient l’habitude de se retrouver à Villecroze aux Mandins, une campagne située entre Tourtour et Villecroze, lieux bien maîtrisés par les résistants d’Aups où ils avaient l’habitude de récupérer tout volontaire entrant au maquis après un contrôle.

Aussi, un second voyage est organisé par Charles Valériano et Raymond Allary qui prennent en charge les trois Polonais en direction de Villecroze, Aups. Mais, arrivés au croisement avec la route Villecroze/ Salerne, ils croisent un détachement Allemand bien armé. Charles Valériano, accompagné ce jour-là d’Antoine Rocca, voyant le danger ouvre le feu avec sa Sten (mitraillette anglaise), il parvient à tuer les serveurs de la mitraillette allemande qui commençait la riposte. Pendant ce temps, les résistants, les Polonais et deux Américains réussissent à opérer un demi-tour et se sauvent.

De son coté, Ch Valériano s’enfuit à travers les bois en direction de Flayosc, les Allemands tentent de le poursuivre, et, tirent à la mitrailleuse dans sa direction. Charles entend les balles siffler puis sent qu’un liquide coule entre ses jambes. Il se croit blessé mais en fait, ce qui coulait, c’étaient des boîtes de sardines à l’huile qu’il avait placées dans sa musette en vue du prochain repas. (1)

18 aout 1944 Tank américain vers Aups.

Charles Valeriano réussit à rentrer à Lorgues et se réfugie chez Claude Pieplu où il retrouve son copain Allary. Remplis d’émotions, ils s’embrassent, pleinement heureux de se retrouver sains et sauf.

Finalement, c’est René Jassaud qui montera les trois polonais avec Begiati vers Villecroze, haut lieu de la résistance varoise. C’est là que, dans la ferme des Mandins, une campagne située sur la route de Tourtour, que les résistants d’Aups récupéraient tout volontaire entrant au maquis après un contrôle sévère. Les trois polonais seront admis dans la résistance : mission réussie.

Cimetière de Riez
Souvenir des combats du 11 aout 1944

Le 11 Aout 1944, on retrouve nos trois Polonais au lac Sainte Croix au sein du maquis de Aups dans un groupe de 150 résistants constitué essentiellement de marins pompiers provenant de Marseille.

Une colonne ennemie venue de Brignoles, composée de miliciens et de soldats Allemands tente d’encercler le camp des résistants. Ce sont les Polonais vigilants et guerriers qui vont donner l’alerte et ouvrir le feu à la mitrailleuse. Un violent combat va suivre, sur les 150 résistants, 130 pourront s’échapper mais 20 d’entre eux seront tués et hélas, parmi eux 2 des 3 Polonais.

1. Charles Valeriano dit « Nenette », avait l’habitude de raconter cet épisode en langue provençale avec une saveur particulière pleine de peur et de rire. Il racontait en particulier, que, quand les Allemands le poursuivait dans sa fuite vers Flayosc , lorsque il ressent la chaleur d’un liquide chaud le long de sa cuisse, effrayé, il se met à courir le plus vite possible et, une fois hors de portée de la mitrailleuse, il met sa main à la cuisse et éclate de rire quand il remarque que le liquide provient de sa musette et des boîtes de sardine en train de se vider.

La conclusion de cette histoire reste toujours dans ma mémoire :« Saber pichoun faioun foisse d’oli in courant »  

Episode de la résistance raconté par Claude Bergogne Lorgues, Octobre 2023

Laisser un commentaire